Villejuif, vendredi 3 mai dernier. C’est un homme tourmenté, Jean-Philippe F. qui
nous répond au téléphone. Son fils, Ernest, élève en première année à Sciences
Po ne s’alimente plus depuis déjà
plusieurs jours. En cause, sa préoccupation à propos de l’espace de mémoire
restant sur sa boîte mail universitaire. « Il n’en dort plus, m’appelle
parfois en pleine nuit pour me demander de vérifier s’il peut encore recevoir
ses mails, mon fils est terrifié à
l’idée d’avoir sa boîte saturée.
Le service psychologique de Sciences Po commence à connaître
Ernest. « Il vient fréquemment nous voir pour nous demander si les mails
d’Elsa Gonzales sur l’e-learning peuvent
dépasser le méga octet. Nous lui répondons hélas que cela peut arriver »
confie David Flanchet, psychothérapeute depuis déjà deux décennies Rue Saint
Guillaume. « C’est un phénomène psychologique récurrent qui arrive souvent
chez les individus ayant grandi dans des familles monoparentales »,
confie-t-il, « le syndrome de Koch, comme on l’appelle, plonge dans une préoccupation internet compulsive le
sujet en proie à un danger imminent.
En réaction à la détresse de ce jeune homme, que nous
n’avons pu joindre car reclus du monde
extérieur du fait de son inquiétude, sa triplette, la triplette Henri
Guaino se mobilise pour lui. Une association « une boîte pour
Ernest » s’est créée il y a de cela deux mois, et vise à récolter des
fonds pour upgrader l’ENTG de l’intéressé. Nicolas D. président de
l’association déclare : « Notre objectif, offrir d’ici trois mois un
abonnement Platine à Ernest. Cela va requérir une collecte de 160€ pour pouvoir
étendre sa capacité de stockage à 750Mo contre
uniquement 100 actuellement. » Parmi leurs projets, une soirée des
talents en Boutmy fin Mai et un marathon pour l’espoir entre Vitry sur Seine et La
Défense dont les recettes seront reversées à l’association.
Le père d’Ernest reste confiant dans la possibilité de sortir
son fils de cette impasse psychologique.
« On va s’en sortir, je suis sûr », nous confie-t-il, un sourire
contrit aux lèvres au moment de se séparer.
Eddy Thorial.
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