17/05/2013

IL PREND DEUX ANS FERMES POUR AVOIR OUBLIÉ D’ÉCRIRE «TRÈS CORDIALEMENT» DANS UN MAIL



C’est un drame d’une rare intensité qui a secoué hier la petite commune de banlieue Saint Rémy lès Chevreuse. A la sortie du tribunal pénal de Paris, Éric C., 23 ans, étudiant en Master Communication de Sciences Po, était encore sonné par le verdict à son encontre : deux ans fermes de prison à Fleury Mérogis à compter de lundi prochain. Sa faute ? Impardonnable. Un mail envers un enseignant demandant des notes d’exposé envoyé le vendredi 3 mai 2013 à 22h34 n’aurait pas contenu la formule de politesse « Très cordialement » à la fin.


Une vie brusquement bouleversée 

C’est un homme prostré qui a répondu à nos appels répétés hier, avant son incarcération. Hébété, répondant à nos questions par monosyllabes, il dit ne plus s’alimenter et avoir perdu le contact avec la plupart de ses proches, qui s’estiment trahi par un tel comportement. « Désormais, plus rien ne sera jamais pareil, déclare-t-il, la voix chevrotante, avant j’étais Éric, maintenant je suis le criminel ». Sa faute, il la reconnaît, aisément, lorsqu’il déclare notamment « avoir dérapé, avoir fait une connerie monumentale », en fermant les yeux d’un air coupable. « Mais on devrait tous avoir une deuxième chance, enfin ! », s’indigne-t-il.

Un entourage pétrifié

Autour de lui, c’est la stupéfaction. Ses amis ne le reconnaissaient plus après les actes. Lucile D, 19 ans, et amie de longue date d’Éric nous confie : « Je ne comprends pas. Il m’a appelé le lendemain de cet acte inhumain, il était mal. Je n’ai pas su que lui répondre, tant j’étais estomaquée par ce que mon ami m’a dit ce soir là. » Comment un tel acte a pu naître d’un homme qui, selon ses proches, ne semblait souffrir d’aucune pathologie particulière ?

Un passage à vide à l’origine de l’affaire

Les trois médias de Sciences Po s’étant vite penchés sur l’affaire pour en faire un reportage exclusif en trois parties, la vérité éclate peu à peu au grand jour : Éric traversait une mauvaise passe au moment des faits, probablement due à un calendrier d’examens chargé, et un niveau de révisions jugé trop insuffisant par l’intéressé lui-même. Lucien, un de ses camarades, nous livre « avoir été étonné lorsqu’Éric a fait un exposé sans slide « Des questions ? » pour le conclure », un geste qu’il faisait traditionnellement une fois les applaudissements reçus.

L’administration, de son côté, reste sur ses gardes. L’un de ses cadres, préférant garder l’anonymat, parle sans tabous : « nous avons été fermes en poursuivant immédiatement le coupable en justice. Nous voulons faire savoir à tout étudiant que ce qu’a fait cet homme, c’est grave et que nous ne laisserons pas un tel crime se reproduire. » Une administration sur la défensive, donc, mais prête à réagir à la moindre incartade. Tenons-le nous pour dit.


Eddy Thorial.

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